dimanche 28 novembre 2010

Remonter la côte en duffle-coat...

Vous êtes la dernière de la bande à avoir adopté les boots fourrées, le cartable ou la peau lainée ? Autant ne pas vous voiler la face, même avec votre plus beau carré Hermés, vous n'êtes pas loin de la case « Je ne vaux plus rien ». Pour vous éviter cette disgrâce, une seule et unique solution : prendre une année d’avance. Quelle est-elle ? Mise en situation. Rentrée 2011. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les couloirs des universités résonnent à nouveau des voix d’étudiants encore exaltés par l’été. L’enseignement de la philosophie est désormais inscrit au programme scolaire dès la seconde. Alors, vous aussi, passez-la, la seconde fashion vitesse. Philosophe depuis le berceau, tendance néo-épicurienne (vive le matériel, le cher et le beau), adoptez dès maintenant l’allure juvénile de l’éternelle étudiante. Pour améliorer vos résultats en "trendy trend", "mode mood" et "fashion côte", arrow sur le « fashion coat » : l'inusable duffle-coat.
Ce pilier « vestimentaire » de toutes les garde-robes qui se respectent doit son appellation à la laine très épaisse qui servait

à sa confection « le duffle », nom lui-même dérivé de Duffel, ville belge qui produisait l'étoffe su-cités.Vêtement emblématique de la Royal Navy à la fin du 19ème siècle, il est reconnaissable entre mille avec ces attaches caractéristiques, les brandebourgs, facilement détachables même pour les mains gantées des marins. Mis au placard dans les années 60, car jugé trop provincial et petit bourgeois, il fait son come-back en fanfare, s'invitant même sur scène, porté par certaines "pop-folk-rock icons", Belle & Sebastian ou encore Franz Ferdinand. D'anar, ce petit manteau passe au rang d’objet star. Le duffle-coat a la côte. Alors, c'est le moment de choisir votre filière et vos matières. Voici quelques bons filons.

Photo ci-dessus : Spotmax Code, env. 410€

L’étudiante en finances
L’investissement est sûr mais le montant est risqué pour ne pas dire osé. Tout en discrétion, voire même en cachette, il ne fait pas dans l'ostentation mais plutôt dans la dissimulation. Preuve en est, son pli creux dans le dos. Pourtant les signes extérieurs de richesse ne sont pas absents pour l'oeil expert : diversification des risques côté matières en laine vierge-alpaga-mohair-coton et polyamide et valeur sûre coté fermeture avec ses attaches en bois.
Carven, env. 700€















L’étudiante en marketing
Il accumule les détails mode de l’année : col de fourrure, brandebourgs en cuir ET bois, drap de laine. Sans oublier les finitions : pattes boutonnées aux poignets et liserets de cuir. Quant à la gamme de couleurs, elle passe sans anicroche les contrôles de la fashion police : kaki ou encore noir ou camel. Les circonstances justifient la nuance…
Sandro, 490€







L’étudiante en sociologie
En laine vierge, il se la jour "low profile et vraies valeurs" tout en se démarquant par son élégance un tantinet intellectuelle. L’ultime détail, les brandebourgs en bois rouge soulignent discrètement l’inclination politique. Sa couleur sombre ne souffre ni le café renversé sur le comptoir du troquet, ni la malencontreuse fuite du Bic ou du tube de lipstick. Authentique, facile à vivre mais sûr de son altérité, ne surtout pas le sous-estimer.
Bensimon, 295€.













- Oui, je suis en train d'aller au F.A.C. ? Mais non, je n'ai pas repris les cours, j'entame une thérapie au F.A.C : Le Fashion Addictions Center. J'ai décidé de prendre ma vie en main et non plus ma carte bleue !

dimanche 14 novembre 2010

Les deux vies du papillon


"Des deux vies du papillon, ce n'est pas celle de la chenille que l'on retient mais celle du papillon". Dans un monde où tout est livré prêt-à-consommer, le livre de Thierry Dedieu "Le Maître des estampes" nous rappelle, tout en subtilité, que l'écorce des choses n'est pas la seule à prendre en compte pour en apprécier sa valeur.

Une morale aux accents presque bouddhistes pour cette petite pépite de réflexion qui nous invite à prolonger la méditation. Cet album aux illustrations délicates et épurées rappellera aux petits, mais aussi aux plus grands, que "Patience est mère de vertu". Le chemin à parcourir et les efforts à fournir en vu d'un résultat étant tout aussi importants voire essentiels.

Au travers d'un récit court et riche de sobriété, Thierry Dedieu met en lumière l'apprentissage d'un artiste perfectionnant dans l'ombre la justesse de son trait, au contact de la nature. 6 longs mois qu'il met à profit pour apprendre à immortaliser toutes les subtilités d'un écureuil descendant le long d'une branche de bambou en quelques secondes. A la manière d'un naturaliste, son travail d'observation est indispensable pour transposer sur le papier toutes ces choses, en apparence insignifiantes, et qui échappent à l'oeil non aguerri ou inattentif, trop souvent aveuglé par le désir d'une possession et d'une jouissance immédiates.
La partie visible de l'iceberg ne représente-t-elle pas seulement le tiers de l'édifice de glace ? La cigale ne vit-elle pas 7 ans sous terre à l'état larvaire pour ne chanter et nous enchanter le seul temps d'un été ? Ne pourrait-on alors imaginer qu'elle consacrerait toutes ces années à s'entraîner pour l'ultime récital, sorte de bouquet final ?

Cette parabole pour enfants _mais pas seulement_ offre une parenthèse calligraphiée et poétique dans une société où la culture de la performance et de l'exploit prime souvent sur celle de la tempérance et de l'exercice.

Le Maître des Estampes par Thierry Dedieu, ed. Seuil, 16€






- 5 heures d'attente dans le froid pour accéder aux ventes presse...tout ça pour ressortir de là bredouille 3min plus tard. Et tu me dis que c'est l'effort fourni qui compte ? Je ne suis pas sûre que ce soit l'effort fourni qui me tienne chaud cet hiver !

dimanche 7 novembre 2010

"Laisse-moi vivre ma vie"

L’Homme qui voulait vivre sa vie

(Un film d’Eric Lartigau d’après un roman de Douglas Kennedy, sorties en salles le 03 novembre)

Un homme, Paul Exben (Romain Duris), avocat brillant. Une femme (Marina Foïs), deux beaux enfants, une belle maison. Famille en or ou décor de carton pâte ? Sous le vernis rapidement, on devine la faille. Exposée à la lumière, se révèle la face sombre de sa vie. Le négatif l’emporte sur le positif. Il se rêvait photographe et vit dans un cliché. Photographe, son voisin l’est, justement. Quand tout bascule, quelle direction faut-il suivre ? Un objectif, un horizon, une ligne de fuite ? Paul choisit de prendre le grand angle et la tangente, croit pouvoir fuir et oublier. S’enfermer dans la chambre noire d’une fausse identité pour plus de liberté. Usurpant la vie d’un autre, coincé dans une nouvelle clandestinité, le héros vit dans la solitude de ceux qui portent un lourd secret. Et dans la peur que son identité réelle, que lui-même semble ignorer, soit dévoilée.
Qui n’a jamais rêvé d’emprunter, l’espace d’un instant, l'existence d’un autre pour mieux se réaliser ? Retour sur l’actualité du moment pour un « Vis ma vie » ou « On a échangé nos mamans ».

Fillon et Sarkozy : Matignon et l'Elysée. Petite cure d’austérité et d’ascétisme pour l’un. « Mange avec modération, prie avec dévotion, aime ton prochain avec discrétion ». La France en restriction. De quoi redresser un score de popularité. Pour l'autre, shopping ou jogging, restaurants en goguette, Fouquet’s, chouquettes, polémiques et prises de bec. La France qui fait la fête. De quoi agacer le grand public mais qui multiplie ses chances d’avoir son « Biopic », ou à défaut, une double page centrale dans « Public ».

Julien Troccaz et Bernard Thibault : Sud-Rail contre CGT. Manifestations contre la réforme des retraites, défilés, cartes de syndiqués cortèges et piquets de grève. La France qui se soulève. Même humeur mais changement de couleurs. Du Rouge au vert. De la rage à la colère.

Carla et Michelle :
De l’ancien au nouveau continent. Des conjoints dont les scores de notoriété sont plutôt mal en point, citoyens grévistes contre propriétaires en faillite. « Forclosure gate » contre Affaire Bettencourt. Echange de bons procédés mais surtout de grands couturiers : Maria Pinto, Peter Soronen, Proenza Schuller pour Michelle mais aussi Gap pour la touche « je suis en phase avec le réel ». Pour Carla, Roland Mouret, Galliano pour les voyages officiels, Chanel mais aussi bijoux Chaumet au poignet pour la touche « je soutiens le secteur du luxe devant l’éternel ». Ballades susurrées sur un air de guitare contre plaidoyers enflammés à la barre. De la robe de gala à la robe d’avocat.

Mamie Nova et Bonne Maman : Deux marques qui signent leur grand retour en mode « saveurs d’antant ». « Les produits laitiers, des sensations pures » contre madeleines, compotées de fruits et autres confitures. Deux figures d’Épinal de l’aïeule idéale. Ouverture facile, fraîcheur optimale et ingrédients de première qualité. Le méchant loup n’a plus à dévorer la mère-grand.








- Echange "Ma vie à crédit, cheveux secs, rebelles et indisciplinés" contre "Armoire garnie, frigo rempli et porte-monnaie replet".