dimanche 26 septembre 2010

Costume-savate

"Ce siècle va trop vite". Bien nombreux sont les jours où le monde qui nous entoure et nous joue des tours semble flirter avec les limites de vitesse. Les années qui défilent et l'ASDL sans fil épuisent les compteurs, font sauter les disjoncteurs...On voudrait appuyer sur Stop, Replay, Be Kind Rewind... A regarder dans le rétroviseur, on a envie de se réfugier dans le rétro, les bonnes vieilles valeurs sûres qui rassurent. De se replier dans nos chaussures. Voilà pourquoi, en 2010, à l'heure du métro sur coussin d'air, on s'offrirait volontiers une paire de...godillots d'arrière-grand-mères.
Mais pourquoi cette envie saugrenue ? Est-ce un fashion faux pas que de craquer pour des chaussures de grand-papa ? Mais non, mais non. Explication : les chaussures, c'est ce qui nous relie au sol, à la terre, au concret. Certes, les escarpins sont une échelle vers le ciel et même si on espère toutes avoir notre place au soleil, cet automne, on se la fait version "Les enfants du Paradis", "Les Temps Modernes" ou "Super Nanny". Papy Chaplin n'est pas loin : enfilez votre "carrot pant" de l'été, et voilà le héros du Dictateur qui s'empare de nous, pauvres godillot(e)s, appliquant à la lettre les diktats de la Mode pour faire fureur-führer. Entre avant-garde et garde-à-vous, ce brodequin a un petit air militaire. Quoi de surprenant, me direz-vous, Alexis Godillot, son créateur, fut pour ainsi dire le chausseur officiel de l'armée française aux siècles derniers.
Mais pourquoi cet entichement soudain ? Que vous arrive-t-il à vous, modeuse-esthète pas ascète ? Rien de grave, docteur. Explication : Cendrillon, sa pantoufle de vair, son Prince Charmant sur son destrier blanc, on n'y croit plus. On préfère Mary Poppins, son sac oversized-over fashion, et un bon vieux vélib pour pédaler en célib. Et côté coeur, on choisit aussi son ramoneur, qui lui, saura se retrousser les manches et aller au charbon les jours de vache et de dinde maigres, hors période de régime Dukan, cela va sans dire.
Comment ça, les croquenots ne font pas le mollet fin ? En tous cas, quand il se met à flotter, ils sont bien plus étanches qu'une lâche paire de ballerines qui se débine et nous lâche à la première averse. Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il grêle, nos grosses galoches nous restent fidèles.
Comment ça, les croquenots, ce n'est pas beau ? Vous aurez fière allure quand la fille hyperstylée-hyperbranchée-hyperperchée sur des échasses semelées de rouge coincera son talon dans la grille du métro station Rue de la Pompe. Dépassez-la crânement avec vos tatanes. Ce siècle avance trop vite, mais nous, nous nous sommes promis de ne pas faire marche arrière. Droites dans nos chaussures et bien dans nos baskets. Le godillot bien plat reprenant du galon nous sied comme un gant. Avec le retour du bottillon, nous avons enfin trouvé chaussure à notre pied. Parce qu'il faut l'avouer, les talons sont depuis toujours notre talon d'Achille. Et puis, si quelqu'un ose encore se moquer de vous et d'une quelconque "faute de goût", un coup de pied chaussé de grolles en cuir pleine fleur bien placé lui éclaircira sûrement les idées.


- Stella Mc Cartney, défilé Automne Hiver 2010 ?
- Non, Charlie Chaplin, les Temps Modernes, 1936...
- Pfff...le charlot ! On devrait l'inculper pour plagiat, il a tout pompé sur Stella !

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